• Le 22.06.2010, le groupe "Mémoire" de l' ADMR du canton de Belmont est venu faire travailler sa mémoire au musée école de Belleroche et a poursuivi sa visite dans la salle consacrée au poête Luc Decaunes.

     


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    Le musée de Belleroche

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    La salle d'exposition consacrée à Luc Decaunes

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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    L'association des Amis de Luc Decaunes était présente à la journée du patrimoine de pays le dimanche 20 juin  de 10 à 17h à Belleroche (42).

    1900... Histoire de Belleroche - Au départ de la mairie de Belleroche, un circuit découverte permet aux visiteurs de suivre un accompagnateur qui leur fait découvrir: l'entrée du grand tunnel ferroviaire de 4152 m qui permet de passer du bassin de la Loire (par La Clayette et Chauffailles) au bassin du Rhône (par Poule-les-Echarmeaux et Lamure-sur-Azergues), la gare de Belleroche-Belmont, l'église de Belleroche, le charmant musée de l'école d'autrefois et l'exposition culturelle consacrée au prolifique écrivain-poète Luc Decaunes qui est inhumé à Belmont.

    Article dans la presse

     

     

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    L'ENFANCE DE LUC DECAUNES

     


        Sans être exceptionnelle, l'enfance de LUC DECAUNES fut loin d'être banale.

     

        Né à Marseille, rue du Pavé d'Amour (le nom est trop beau pour qu'on le passe sous silence) le 4 janvier 1913, LUC DECAUNES passera les premières années de son existence dans différentes villes du midi qui servaient de points d'attache à son père.

     

        D'origine quercynoise, ce père paraît avoir été un personnage assez original pour que l'on s'y arrête quelques minutes.

     

        Ce père fut engagé volontaire à 18 ans, puis boulanger à bord des grands paquebots qui reliaient la France à l'Amérique du Sud. Ce fils de paysans pauvres s'installe à Paris où il monte le premier restaurant populaire. Inventeur à ses heures, il dessine le plan d'un dirigeable qu'il soumet en vain à l'Etat, fait plusieurs métiers puis finit par apprendre seul la photographie.

     

        On retrouve chez cet autodidacte le goût farouche, presque fanatique, de la liberté, qui partagèrent dans la France du Second-Empire, tant d'hommes de sa génération, admirateurs ou disciples de Proudhon ou de Blanqui. La légende raconte que le jour des funérailles de Victor Hugo, à qui il ne pardonnait pas ses goûts bourgeois ni la haine qu'exhalent certains poèmes des “Châtiments”, le père de LUC DECAUNES arbora le drapeau noir des anarchistes pour protester contre ce qu'il tenait pour une imposture.

     

        Il a presque 50 ans lorsqu'il rencontre Lucile Nétré qui n'en a que 25. Appartenant à une famille de la petite bourgeoisie libérale (son grand-père suivit Hugo en exil, l'un de ses oncles fut communard), cette jeune Parisienne sensible, cultivée, plus qu'elle ne s'éprend de ce rêveur, accepte de vivre librement avec lui pour échapper à un père viveur qui court les théâtres et les cafés.

     

        Pendant plus de dix années, ces deux êtres que séparent l'âge et l'éducation, mais que réunit le même goût des livres, de la nature et du théâtre, parcourront la France, vivant à l'hôtel, voyageant dans la roulotte-laboratoire où le photographe ambulant développe les négatifs des groupes d'élèves pris dans les écoles de village qu'il visite.

     

        A la naissance de LUC DECAUNES, ses parents régularisent leur situation, abandonnent la roulotte et se fixent, pour des temps plus ou moins longs, à Pertuis, à Nîmes, à Béziers, à Pau, à Tonneins, à Amélie-les-Bains. Pendant que son mari sillonne la région en train ou en omnibus, prospecte les villages environnants pour y exercer son métier, la mère de LUC DECAUNES travaille à domicile à la retouche des clichés et des agrandissements.

     

        Que le jeune LUC ait accompagné ses parents dans leurs déplacements à travers le Sud de la France, qu'il ait connu une enfance nomade, voilà qui paraît vraiment important et explique peut-être, chez le poète adulte, une certaine instabilité et le goût du changement.

     

        La famille DECAUNES s'étant fixée à Toulouse en 1919, c'est dans cette ville que LUC DECAUNES fit ses études et passa son bachot. Très tôt sa mère lui avait appris à lire et à écrire, à aimer la musique.

     

        On peut se demander, on doit se demander dans quelle mesure cette enfance errante, mouvementée et solitaire a favorisé la rêverie chez ce jeune garçon, a enrichi son imagination, suscité le goût d'écrire et aidé à la naissance de son talent.

     

        Jusqu'à 16 ans, LUC DECAUNES ne se connaîtra pas d'amis, ne rencontrera pas de camarades en dehors des heures de lycée, principalement à cause de l'exiguïté des meublés successifs où il vécut avec ses parents.

     

        Malgré la misère réelle, tenace, presque familière qu'il connut, LUC DECAUNES fut un enfant joyeux chez qui l'appétit de la vie se doublait d'un fort penchant à la rêverie. Il eut une enfance heureuse et garda le souvenir très précis de son père rentrant de ses randonnées périodiques avec quelque jouet dans ses bras.

     

        Mais, grâce surtout à sa mère qui vécut toujours à ses côtés et fut son camarade de jeux le plus constant, LUC DECAUNES eut une jeunesse exempte de drames. Même si, vers quatorze ans, cette présence exclusive commença à peser, elle fut pour le jeune garçon une merveilleuse source d'enrichissement et d'amour. Après les cours qu'il suit comme boursier, il reste seul à la maison, près de sa mère qui, pour vivre, retouche les agrandissements. Le père, vieillissant, a dû renoncer à la photographie à cause du mauvais état de ses yeux et s'emploie à d'obscures besognes.

     

        On verra ce père, à plus de 70 ans, balayer la neige dans les cours pour assurer une partie de la subsistance de sa famille et permettre à LUC DECAUNES de continuer ses études. Jamais ce père anticonformiste n'essayera de faire partager par son fils ses opinions politiques. Mais, longtemps après sa mort, LUC DECAUNES s'étonnera de retrouver en lui les mêmes tendances politiques comme une sorte d'héritage idéologique.

     

        Comme il arrive souvent, la pauvreté va tremper le caractère du jeune homme, le révéler à lui-même. Elle teintera le monde d'une couleur indélébile et fixera son comportement idéologique. On retrouve dans plusieurs poèmes des échos poignants de cette enfance difficile qui laissent apparaître, malgré leur pudeur de ton, les blessures mal cicatrisées de la vie.

     



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  • LA GUERRE FINIE, IL PUBLIE DEUX ROMANS



    Après cinq années de captivité, LUC DECAUNES rentre en France. Rappelons que LUC DECAUNES a été fait prisonnier le 17 mai 1940, en Belgique dans la région de Philippeville par les Nazis et libéré par les Américains le 18 avril 1945 ) à Leipzig. Si son talent a mûri, les épreuves ont trempé ses conceptions poétiques.
    Si le premier livre qu’il fait paraître à son retour est un petit volume de poèmes en prose « Le Sens du mystère », mélange de méditations et de rêves écrites avant la guerre entre 1935 et 1938.
    Leur sens du mystère s’intégre tout naturellement dans le domaine de la poésie où LUC DECAUNES s’était exprimé jusqu’ici avec le plus de force, le plus d’originalité et le plus de talent. Cependant, il eût été faux de le croire prisonnier d’une seule forme d’écriture. Depuis toujours, existait en lui un conteur d’histoire.
    Dès l’âge de 16 ans, écrire des romans fut une des ambitions de LUC DECAUNES, ambition qui se traduisit par au moins trois manuscrits complets datés de 1930, 1931 et 1934. Le combat poétique, la publication et la direction de « Soutes », la vie littéraire de Paris avaient empêché le romancier de s’accomplir entièrement. Il fallut la captivité pour qu’il trouva le temps de se remettre à la prose et d’écrire « Les Idées noires », livre de défense contre l’horreur des premiers temps de captivité.
    Il conçut le projet de ce livre au début de sa captivité lorsqu’il était en route de la Belgique à l’Allemagne. Il n’était pas depuis deux heures derrière les barbelés du camp de Mühlberg, en Saxe, qu’il se mettait à écrire sur ses genoux ce gros roman « Les Idées noires ».
    Pendant vingt jours de suite, accroupie dans la paille pourrie, en proie aux hallucinations provoquées par la faim, la soif et la fatigue, LUC DECAUNES écrit. Il écrit pour se défendre contre le désespoir, pour oublier sa déchéance morale et physique, il écrit pour survivre. Il s’agit pour lui de suppléer à la vie absente, d’affirmer sa présence par tout ce qu’il aime. Il va écrire ce livre d’une poésie intense, agressive, où le romantisme et le surnaturel s’entremêlent et dont chaque chapitre ouvre une porte sur l’interminable labyrinthe poétique qu’il parcourt pendant plus de 500 pages.
    La moitié du roman fut écrite en une vingtaine de jours, dans une sorte d’exaltation onirique. Pour apaiser cette fringale d’écriture, LUC DECAUNES mendiait des feuilles de papier et des crayons auprès de ses compagnons prisonniers qui ont gardé l’image d’un homme vautré dans la paille, écrivant du matin au soir, sans se mêler à la conversation, étranger à ce qui se passait autour de lui.
    Envoyé en commando, LUC DECAUNES mettra un an pour écrire la seconde moitié du livre qui parut tel quel. Il appellera ce roman une « anthologie de ses amours littéraires ». Les Idées noires paraissent en 1946.
    Le second roman de LUC DECAUNES, « Je ne regrette rien », a été écrit en France, au lendemain de la guerre, mais suivant le même processus : la première moitié en huit jours, à la campagne pendant de courtes vacances, et avec une facilité déconcertante, alors que le romancier mettra deux ans pour écrire l’autre moitié.
    Dans « Je ne regrette rien », tout est ramené à l’action : le style sec, rapide et sans bavures, conduit le lecteur au cœur du drame pour le chemin le plus courte, sans négliger pour autant le détail vivant, le fond de crédibilité propre au genre, presque indispensable si le romancier veut que celui qui le lit entre dans son jeu.
    Depuis 1950, LUC DECAUNES ne fera plus paraître de roman.
    Il reste assez surprenant de voir un écrivain doué, publié par l’un des meilleurs éditeurs parisiens, renoncer au roman après son second livre, alors que ce genre d’écrits demeure l’une des formes les plus originales, les plus complètes de la littérature, celle qui exerce sur le public l’attrait le plus vif.
    Comme tant d’autres, LUC DECAUNES aurait pu faire passer dans le roman le meilleur de son imagination et enrichir ce genre littéraire. Ce n’est pas non plus le long et difficile travail qu’exige la prose qui le rebute, puisque, contre toute attente, vers le même moment, il va s’adonner à la critique littéraire qu’il tenait jusque là pour un art mineur, sans véritable valeur créatrice. Il écrira d’abord un essai sur Rimbaud : « Arthur Rimbaud ou le Jules Verne de la poésie », puis un « Charles Baudelaire » pour la collection Poètes d’Aujourd’hui de son ami Pierre Seghers.
    Cette désaffection pour le roman surprend à moitié. LUC DECAUNES n’a jamais fait aucun mystère pour reconnaître qu’il déteste le travail routinier et la discipline pesante du roman. On ne peut cependant de se demander quelle sorte de livres il nous aurait laissés s’il avait continué à écrire des romans, jusqu’à quel point il aurait gardé à ses récits l’atmosphère de rêve des « Idées noires » ou si le réalisme serré et direct de « Je ne regrette rien » ne l’aurait pas emporté. Par leur architecture, par l’habile cheminement de l’intrigue, les romans de LUC DECAUNES sont de véritables romans, mais leur optique, leur style, sont ceux d’un poète pour qui la poésie est l’expression même du génie créateur.
    Alors pourquoi abandonner le roman ? Citons l’avis d’Aygueparse: «Je vois dans pareille indifférence un arrière-faix du surréalisme. Comme beaucoup de poètes de sa génération, LUC DECAUNES est un héritier du surréalisme et tient la poésie pour la première, la seule activité créatrice digne de vie. »
    Cette fusion entre la poésie et la vie fut parfois si intime que les poèmes, à une certaine époque, jaillissaient à longueur de journée. LUC DECAUNES écrivait partout, dans le métro, au café. Il interrompait sa classe pour griffonner des vers.
    Le titre que LUC DECAUNES a donné à une trentaine de pages de prose s’intitule « L’Amour lui-même ». Datées de septembre 1942 à avril 1945, ces poèmes, hymnes, confessions, représentent un soutien moral du poète prisonnier, sa joie secrète. Pour Aygueparse, ce que LUC DECAUNES a écrit de meilleur se trouve dans « L’Amour lui-même » ; « comme on regrette, pendant qu’on lit L’Amour lui-même, que LUC DECAUNES ait renoncé si vite au roman, presque pour obéir à ce qu’il y avait de plus déraisonnable en lui. »
    « L’Amour lui-même », comme « L’Air natal » ou « Les Idées noires », ne paraîtra qu’en 1952.
    La même année, LUC DECAUNES publie un « Charles Baudelaire » chez Seghers et se passionne pour la critique littéraire. LUC DECAUNES a presque quarante ans lorsqu’il découvre que « la critique peut-être constructive, et que l’imagination possède le loisir de s’y manifester aussi bien que dans tout autre mode d’expression écrite. »
    Ce « Charles Baudelaire » est un ouvrage plein de vues originales. On croyait que tout était dit sur l’auteur des « fleurs du mal ». DECAUNES démontre que nous sommes loin du compte. Après avoir fait sauter les masques qui ont trop longtemps soustrait à notre curiosité quelques faces essentielles du génie de Baudelaire, LUC DECAUNES n’a aucune peine à dégager la victoire esthétique de Baudelaire, à y déceler l’existence d’un langage poétique fort et lyrique ;


     

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    (Ces pages ont été retranscrites par Claude-Henri Marchand de Belmont-de-la-Loire en se servant principalement des souvenirs d’Albert Aygueparse)


     


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